•   Extraits de journal dans l'Himalaya

    La PEUR

    Le 13 mars 2012

      Il y a des jours que nous suivons le lit de la rivière Marsyangdi. Son eau est plus claire qu'un ciel nu après la pluie. Je laisse cette eau de glacier noyer le temps qui passe entre chacun de mes pas. En ascension, j'arrive à apaiser mon esprit comme un lac tranquille. Faire taire les vagues, l'agitation. Le sol, parfois de glaise, avale le pied. En d'autres endroits, le sable brille d'une terre de pyrite qui m'éblouit alors que, vidée de toutes forces, j'ai le pas moins sûr et la vue trouble.

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    La rivière Marsyangdi.

        

          La première fois que j'ai vraiment vu les hauts sommets de la terre, c'était dans une tempête et l'orage. Le ciel était noir de nuages agités et le vent, sans pitié. Alors que la nuit approchait, il nous fallait atteindre le prochain village qu'on ne pouvait pas voir même en scrutant le plus loin possible à l`horizon. 

    Dans ces paysages lunaires où l'on serpentait à flanc du vide, ce soir-là, j'ai compris que ces endroits reculés vous pénètrent sans gêne d'un frisson glacé qu'on nomme la peur. Lorsque les éléments se déchaînent et que la nature sauvage prend un visage impitoyable, on passe une limite où la sécurité qu'on a toujours connue n'est plus présente et on bascule dans la peur de mourir. La fragilité de la vie est tout à coup bien réelle, et on la perçoit dans chaque roche humide sur laquelle on pourrait glisser, au bord de chaque falaise coupée trop serrée près du sentier(...)

     J'avais froid, le vent me fouettait si fort que j'avais l'impression que la vie me passait à travers le corps, mais je pleurais de joie devant ces lieux géants.

     J'étais fascinée, émue, effrayée et perdue.

    Ce qui frappe, c'est la solitude soudaine qu'on ressent, et la vulnérabilité. Nous sommes seules dans ce territoire trop grand, trop fort, et si magnifique que nous avons voulu conquérir et qui nous écraserait à présent comme des insectes. Qu'est-ce qu'on fait ici ?!

     Je n'ai pas cesser de trembler et en m'arrêtant pour plonger encore mon regard dans le vide, j'aperçois une montagne de roche noire luisante en forme de silex qui s'élève plus haut que les yeux ne portent, fendant le ciel d'orage en deux d'une manière effroyable mais d'une beauté qui dépasse toutes conceptions.

    Une larme roule sur ma joue.

    À cet instant, la certitude irrationnelle qu'on ira jusqu'au bout se grave dans mon esprit.

                                                            ***

    Maude


     

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     En bas, dans la vallée, le village sacré de Muktinath. Des pélerins et sadhus marchent des mois en partant de l'Inde pour venir s'y recueillir.


    Le VIDE

    Le 25 mars 2012

    On a traversé le désert trans-himalayen des heures durant; à perte de vue des montagnes sèches raturées de canyons: on croirait des gueules gigantesques prêtes à nous avaler. La poussière et le vent fusionnaient en bourrasques qui nous forçaient à lutter pour avancer. Quand on marche vers le vide avec l'espoir qu'un village sera de l'autre coté d'un précipice, au fond d'un canyon à l'horizon, il faut certainement avoir une forme de foi.

    Il y a maintenant plusieurs heures qu'il n'y a rien d'autre que cette route incertaine:

    J'ai perdu tous mes repères mais j'avance.

    Quand on est face au vide, plus rien n'existe qu'un silence puissant qui prend racine dans notre âme. Les pensées se déposent sur le sable et sèchent au soleil pendant que le passé, le présent et l'avenir se confondent.

    Le désert devient le monde entier dans le seul souffle du vent et transcende le temps au rythme de nos pas.

    Au moment où on n'y croyait plus, des terres verdoyantes regorgeant de pommiers aux fleurs roses sont apparues en bas. C'était Kagbeni. 

                                                            ***

    Maude

     

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    Le désert trans-himalayen, entre Muktinath et Kagbeni.


     La MORT

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     Les Inscriptions sur pierres en Sanscrit et crânes se trouvent partout le long du sentier.   

          

    Tant de disparités existent entre les cultures. En occident, la mort est taboue. On refuse nos morts. Nous n'acceptons de voir la nôtre qu'au dernier moment, avant de partir; ou parfois jamais.

    En Asie et en Orient, les rites de passages sont une part intégrante de l'existence et on considère la fin comme une étape de passage vers l'autre monde, ou du moins vers une autre forme...

    tLivre des morts tibétains sauvés puis transportés au Népal lors de l'invasion chinoise.

    AINSI EST La VIE...


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         Le 18 avril, nous sommes revenues au Québec. Merci à vous tous de votre soutien et de nous avoir suivies dans ces aventures à la découverte des joyaux de l'Asie. Vos mots chaleureux nous ont fait du bien !

    N.B. Bientôt, nous vous invitons à venir regarder les vidéos qui seront ajoutés pour donner quelques impressions de l'ambiance dans certains pays. 


    Paix, Amour et Sérénité...

    Namaste

    Hélène et Maude xxx

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     DÉPÊCHEZ-VOUS DE SALIR VOS SOULIERS...

     

     

     





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  • Nepal suite

    Des fous de l'Everest

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    Le Dhaulagiri

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    Cette variété de mauvaises herbes tapisse les sous-bois du Népal !

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    Porteuse embauchée durant les derniers jours du trek.

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    La forêt enchantée après Ghorepani.

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    Temps de repos à Pokhara

    Aujourd'hui, c'est le 3e Nouvel An que nous

    fêtons cette année, avec le Québec, le Vietnam et maintenant le Népal.

    Bonne année 2069 !!!

    Nepal suite

    Vue de notre balcon


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  • Sur le toit du monde

    Kathmandou et ses échoppes

    Sur le toit du monde

    Sur le toit du monde

    Le Bouddanath

    Après quelques jours en ville, nous avons entrepris pendant 20 jours en pleine nature le circuit de longue randonnée faisant le tour des Annapurnas, la chaîne de montagnes de l'Himalaya, où se trouvent les plus hauts sommets de la terre.

     

    Sur le toit du monde

    Nos amies muettes avec qui nous avons fait un bout de chemin. C'est pour dire qu'au delà des langues et des mots, on peut se comprendre et s'apprécier les uns les autres.

     

    Sur le toit du monde

    Dès le début du sentier, nous sommes immédiatement tombées en amour avec ces peuples chaleureux des montagnes...

     

    Sur le toit du monde

     

    Sur le toit du monde

     

    Sur le toit du monde

    Heureusement, les avalanches sont passées avant nous !

     

    Sur le toit du monde

     

    Sur le toit du monde

    La crème de l'Himalaya, c'est le vent pur de l'altitude, l'immensité des pics enneigés aux gorges profondes, les lacs et les rivières des glaciers d'un bleu-vert glace incroyable, les animaux en harmonie avec l'homme plutôt qu'asservis et les peuples forts qui s'accrochent à leurs vies simples mais laborieuses.

     

    Sur le toit du monde

     

    Sur le toit du monde

     

    Sur le toit du monde

    Des territoires plus arides que jamais, où le vent glacé nous fouette sans répis durant le passage du col. Une traversée de 11 heures de marche ! Dès 5h du matin, on partait dans l'obscurité avec nos lampes frontales...

     

    Sur le toit du monde


    Rares sont ceux qui, comme nous, ont parcourus les 220 km du circuit des Annapurnas sans guide ni porteurs. Le 23 mars nous avons franchi le plus haut col enneigé du monde, à 5416m d'altitude. À ce passage, chaque pas gravi est plus éprouvant car il y a de moins en moins d'oxygène dans l'air (jusqu'à 50% de moins) et parfois le mal de l'altitude a entraîné la mort de certains randonneurs. Ce fut une des plus difficiles épreuves de notre vie, mais aussi c'est ici que nous avons vu la terre dans ce qu'elle a de plus grandiose.

     

    Sur le toit du monde



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  •    Devant la misère et la souffrance des autres, on se réfugie automatiquement quelque part dans notre tête pour se protéger. Deux craintes émergent: finir par y devenir insensible à force de déni ,ou à l'opposé, absorber ces images horribles jusqu'à ce qu'on ne puisse plus en prendre davantage. Au coeur du Cambodge il y a eu les beautés d'un Empire et son art, mais encore plus, le coeur des gens lacéré de cicatrices. Plonger dans leurs regards qui ont vu l'horreur parfois. Un coup d'oeil, et on sait. On peut le lire.

    Après le choc, on ne ressent plus que de la compassion.

    Quel contraste de se retrouver sans le vouloir au festival des couleurs(Holi) dans les rues de Kathmandu, Nepal, où les gens se lancent des poudres multicolores pour célébrer la joie et l'arrivée du printemps !

    Le monde...d'ombre et de lumière. Rouge sang et rouge joie.

    Maude

     

    Rouge Joie

     

    Rouge Joie (Happy Holi !)

    Attention de ne pas recevoir en prime un oeuf dans les cheveux...


    Derniers moments au Cambodge:

    Rouge Joie (Happy Holi !)

     

    Rouge Joie (Happy Holi !)

    Rouge Joie (Happy Holi !)

    Bref retour à Bangkok avant le Nepal:

    Rouge Joie (Happy Holi !)

    Rouge Joie (Happy Holi !)

    Adieu les thaïs et votre bouffe <<spicy>> !


     




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    Terre de sang

    D'abord, il fit évacuer les grandes villes et obligea les gens à se diriger vers les campagnes où ils devaient travailler dans les champs de nombreuses heures et faire des travaux forcés. Il fit exécuter les intellectuels, les fonctionnaires du gouvernement, les enseignants, les médecins, gens de lettres, artistes... Il priva au fur et à mesure les gens de nourriture jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il entraîna les jeunes enfants à devenir des soldats afin qu'ils soient des machines à tuer les leurs. Il endommagea les vestiges de l'empire khmère classés patrimoine mondial de l'humanité. Il fit poser par millions des mines antipersonnel sur tout le territoire cambodgien (plusieurs millions restent à extraire encore aujourd'hui)Terre de sangTerre de sangTerre de sang

    Terre de sang

     Le Cambodge qui était une colonie française, devint en 1953 un pays indépendant. Vingts ans plus tard, la monarchie en place gouvernée  par le prince Sihanouk fit de nombreux insatisfaits et, ainsi, diverses factions nationalistes virent le jour. Ce gouvernement fut renversé par son général Lon Nol et c'est durant cette période d'instabilité, en 1975, qu'un groupe de paysans appelés Khmers Rouge recrutés par Pol Pot(communiste maoiste) pris possession du pays. Sous prétexte de vouloir éradiquer le capitalisme et instaurer l'égalité pour tous, le leader avait d'autres vues: détruire le peuple cambodgien afin que la Chine prenne leur territoire.

      

    De 1975 à 1979, les Khmers Rouges ont massacré 3 000 000 des leurs. Sans compter les morts faits pendant la guerre civile qui s'ensuivit pour repousser l'ennemi avec l'aide des vietnamiens.

    Pol Pot est mort d'une simple crise cardiaque en 1998, et ainsi, la guerre pris fin en 1999.

    Un autre criminel dont les crimes contre l'humanité sont demeurés impunis.

    Hélène


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